Ballades et escales en littérature africaine

Bienvenue et joyeuses balades dans la littérature du continent africain ; écrivains africains, africaines des lettres, je navigue dans vos livres, vos récits, vos romans ; Sahel, Afrique centrale, Afrique de l'est, Afrique de l'ouest, francophone, anglophone et autres, nous vibrons à ton écoute.

27
août 2009
**** Couao-Zotti Florent, « Poulet-bicyclette et Cie ».
Posté dans Couao-Zotti, _ BENIN _ par Hervé à 9:49 | 4 réponses »

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C’est toujours avec une jubilation bien difficile à contenir et ô combien contagieuse que le lecteur amoureux d’une écriture réjouissante, riante, fouillée dans le quotidien des Béninois _ quand bien même la destinée est dramatique et marquée du sceau de la malédiction _ que nous retrouvons ce grand écrivain qu’est F. Couao-Zotti. Celui-ci fait partie de ces plumes africaines affutées qui ne cèdent pas au misérabilisme, piège facile dans lequel certains de ses contemporains tombent. F. Couao-Zotti serait-il illuminé par la grâce ou je ne sais quel miracle ? Permettez-moi de ne pas répondre à cette interrogation n’étant pas un spécialiste des phénomènes à la Bernadette Soubirou. Tel le scalpel du médecin légiste qui se doit de reconstruire la scène du crime à partir du cadavre du trucidé, cet ancien professeur de Porto-Novo dont la décoration de la voiture est d’un goût douteux, trempe sa plume dans le sang de ces concitoyens assommés qu’ils sont par des chemins de vie où prospérité, bonheur sont bannis au profit si l’on ose dire d’une condamnation ad vitam aeternam au sort maudit. Seule la fange leur est promise, celle de la misère, du désœuvrement matériel, moral, culturel. Toutefois, bien que les situations soient dramatiques, les personnages sont croqués avec humour, signe de la grande affection que l’auteur éprouve pour ces pauvres hères. Mais le ton badin se fait sardonique quand le bougre honni pas les dieux d’un Olympe bien lointain est pris dans les rets des traditions tribales, religieuses d’un autre temps où la soumission de la personne à la communauté se doit d’être entière, totale, aveugle ; la barbarie des ordalies divines important peu. Ce ton sardonique, outre la dénonciation de l’obscurantisme, ne dévoile-t-il pas la lassitude de l’écrivain, son découragement ? Peut-il en être autrement quand cette femme du Nord du Bénin accouche d’un enfant qui n’arrive pas tête la première mais par le bassin, signe de la venue au monde d’un être diabolique qu’il faut tuer à tout prix pour que le village échappe à des augures maléfiques ( Enfant siège, enfant sorcier ). Que penser de cette mère torturée par la douleur que subit son enfant en bas-âge sauvagement frappé par un prêtre de l’Église du Christianisme Céleste au cours d’un exorcisme meurtrier ( Femelle de ta race ) ? La mère, la femme-matrice de la vie, une vie souillée, violée par la loi de ces criminels que sont ces mâles ignares, occupe une place importante dans ce livre. A ces situations terribles, l’unique sortie ne peut venir que d’un miracle et seul le risque mène au miracle. C’est ainsi que tous les protagonistes des nouvelles de ce recueil vont décider à prendre ce risque. Quel autre choix pour ce gamin vendeur d’agoutis grillés que de tenter de traverser la frontière bénino-nigérianne accompagné de ses rongeurs cuisinés farcis de sacs de cocaïne pour s’enrichir. Mais le miracle est exceptionnel. Une balle dans le corps, sa comparse face à deux hommes dévorés par l’instinct de viol, le gamin échoue avant la ligne d’arrivée ( Barbecue blues ). Une seule fois dans ces nouvelles le miracle a lieu sous la forme d’une manifestation météorologique interprétée à raison ou à tort comme le jugement des ancêtres. Pour les autres… F. Couao-Zotti rappelle que le miracle n’est pas à portée de main de qui veut, quand bien même la cause soit criante de justice.


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4 réponses:

  1. MOLESSOU écrit:

    Florent? J’entends parler! Je suis les extraits de textes mais je n’ai jamais eu la chance de lire en entier. J’ai chercher à l’avoir ici mais en vain. Grace à toi, je pars en quête d’un Florent! n’importe lequel; il faut le lire. Ta critique met l’eau à la bouche comme on dit chez nous.

  2. Florent est un écrivain qui trouve avec bonheur un lectorat de plus en plus large. Et c’est tant mieux ! La reconnaissance de ce romancier iconoclaste est amplement mérité. On attend avec impatience son prochain opus.

  3. Françoise écrit:

    Je ne suis pas trop fan de nouvelles, mais celles -ci j’ai adoré ! quelle écriture fantastique pour raconter des histoires parfois tristes, sans aucune complaisance, mais avec un talent tel qu’on s’y croit vraiment .Mon préféré de Florent Couao-Zotti pour le moment, je n’ai pas fini encore avec lui !

  4. Gangoueus écrit:

    Tu me rappelles Couao-Zotti à mon bon souvenir !

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