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- > ***Radaody-Ralarosy René, Zovy, 1947, Au cœur de l’insurrection malgache.
Zovi, « qui vit » en français, est un roman historique où l’écrivain relate le soulèvement d’une partie de la population malgache, le 29 mars 1947. Une rébellion qualifiée à l’époque par les autorités françaises d’« évènements », mais qui s’apparenta en réalité à une véritable guerre contre la France colonialiste ; on devine que le gouvernement français n’aurait jamais nommé cette lutte d’émancipation autrement que par ce terme lénifiant et mensonger d’« évènements » puisque les longs combats pour une Algérie libre ne seront qualifiés de guerre par ces mêmes autorités françaises que bien tardivement après la victoire du FLN. Pour relater une des périodes les plus dramatiques de l’histoire du peuple malgache où environ cent mille d’entre eux périront, Radaody-Ralarosy a préféré le roman historique à l’essai. Témoin à ses dix ans de cette guerre et ayant recueilli de nombreux témoignages tout au long de sa carrière militaire dans l’armée malgache, René Radaody-Ralarosy qui se veut le plus objectif possible, se montre l’écrivain idoine en l’espèce pour narrer cette tragédie occultée aujourd’hui tant en France qu’à Madagascar. L’auteur qui a le soucis de l’exactitude dresse un tableau sociologique des acteurs de cette guerre des plus pertinents qui permet aux lecteurs de percevoir les enjeux politiques qui surviennent juste après la seconde guerre mondiale. Chez les Malgaches, la guerre de libération contre les Français suscite la division. Certains d’entre eux, francophiles et détenteurs de la citoyenneté française – une minorité qui nourrit le contingent des petits fonctionnaires – semblent plutôt attachés à la tutelle de la métropole vue comme la patrie des droits de l’homme (sic). Du reste, des Malgaches n’oublient pas que la colonisation de 1895 a mis à bas une royauté « féodale » foncièrement inégalitaire où il n’était pas rare que les propriétaires de grands domaines recourent à l’esclavage et aux castes. D’autres en revanche en ont assez d’être exploités sur les grandes propriétés des colons et d’être jugés par la France d’hommes et de femmes de seconde catégorie. Mais entre le combat politique et militaire, une autre ligne de démarcation apparaît. Ceux issus de la noblesse préférant la lutte sur le plan politique et légal tandis que d’autres, en particulier les anciens combattants malgaches qui ont lutté auprès des forces libres françaises contre la barbarie nazie et la collaboration pétainiste, considèrent que le jour est venu de se libérer de la tutelle assujettissante de la métropole par les armes. Ils formeront les premiers bataillons indépendantistes. Un front uni des Malgaches luttant pour l’indépendance est une fiction selon l’écrivain. Du côté des colons, Radaody-Ralarosy fait la distinction entre les extrémistes qui réclament le retour à l’indigénat et au travail forcé et de l’autre, ces hommes qui se considèrent eux-même fils de cette terre mais aux discours intrinsèquement paternalistes. Un autre point passionnant dans ce roman est la mise au clair des divisions au sein de l’armée française de répression : la première est celle entre les militaires des forces libres et ceux des contingents pétainistes qui abhorrent toute prétention à la liberté ; l’autre dans les comportements différents des forces indigènes selon leurs origines : les soldats venant du Maghreb se montrant généralement solidaires des indépendantistes au contraire des tirailleurs sénégalais, exécutants dociles de la féroce répression. Au-delà du soucis légitime de l’écrivain à ce faire bon pédagogue, celui-ci réussit à enraciner ce combat dans les terres malgaches et donc de renforcer l’intérêt du récit : de nombreux développements portant sur les divers paysages de la grande île et sur les us et coutumes des malgaches parsèment le roman à l’instar de la description des cérémonies du Fondroana :
« La fête se passe au moment de la nouvelle lune d’Alahamady, signe de l’an nouveau. L’avant-veille, on allume des feux de joie sur toutes les collines où il y a des villages comme symbole de trêve entre tous. A ce moment, les hommes doivent faire des cadeaux aux femmes. Le lendemain a lieu la cérémonie du bain pour se purifier avant d’aborder l’année nouvelle. On se fait chauffer de l’eau dans une marmite neuve en terre le soir et les gens se rendent visite et se versent de l’eau sur la tête en se souhaitant réciproquement la bénédiction de Dieu et des ancêtres. Cette nuit de l’apparition de la nouvelle lune est l’occasion de fêtes, de danses où l’on se libère après s’être purifié. Le matin au réveil, chacun va féliciter les autres d’avoir atteint la nouvelle année et leur souhaite une longue vie. C’est alors qu’a lieu la dernière cérémonie, celle du sacrifice d’un bœuf dans chaque foyer où cela est possible. Les morceaux sont distribués aux proches et aux amis en signe de raffermissement des liens familiaux, mais seulement après avoir mangé la bosse grillée devant les tombeaux des ancêtres. » p. 93 et 94.
Zovy est un excellent roman pour tout ceux qui désirent se plonger dans cet épisode dramatique et malheureusement trop méconnu de l’histoire malgache. Sur ce point, il faut féliciter René Radaody-Ralarosy pour son travail de recherches et sa qualité à réunir l’ensemble de ces précieuses informations dans un récit homogène. D’un point de vue strictement littéraire, nous nous montrerons en revanche plus critique. La prose n’est certes pas désagréable à lire, toutefois elle est à certains passages trop simple ; elle manque de travail et d’originalité. En outre, les dernières pages font état d’une conclusion qui prête à sourire tant l’happy end semble incongrue et les raccourcis trop simplistes. Ce livre ne ravira probablement pas les amateurs d’une écriture ciselée avec méticulosité.
Radaody-Ralarosy René, Zovy, 1947, Au cœur de l’insurrection malgache, Editions Sépia, 2007, 218 p.
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